Nuit d’ivresse installation – Exposition Villa Dutoit – Genève
Nuit d’ivresse
Les Romantiques voyaient dans la nuit une force, une énergie, une puissance créatrice qui faisaient dire à Hugo : « Nous n’avons que le choix du noir » ce noir, d’où sortent des images, des mondes différents et une nouvelle lucidité, permet d’accéder à une autre partie de l’homme et à l’infini.
Que découvrons-nous en scindant la nuit et d’où vient cette fascination pour ce qui soustrait les objets à la vision ? Nos cellules portent-elles l’empreinte de la nuit originelle, celle du Chaos pour que les ténèbres nous touchent à ce point ? Parmi les mythes de la création, la Théogonie d’HESIODE nous apprend que :
« En tout premier CHAOS naquit. Du Chaos sortirent l’Erebe et la Nuit obscure. L’Ether et le Jour naquirent de la Nuit qui les conçut en s’unissant d’amour avec l’Erebe. »
Erebe est le dieu mâle des ténèbres, du noir absolu. Nyx, la divinité de la nuit est une femme et certains disent qu’elle est venue avant Chaos et le vide originel… Ils sont représentés ici par deux dessins qui montrent l’ambivalence de la nuit : tous les dangers de la perdition et en même temps un bonheur inespéré, ils célèbrent l’ivresse de l’amour, celui du désir pour un corps d’homme et un corps de femme sans dominé ni dominant.
Un lecteur mp3 permet d’écouter le texte n°1 des « Hymnes à la Nuit » de NOVALIS, écrivain romantique allemand pour qui la nuit était primordiale, matrice de tous les possibles, Eros et Thanatos en un seul moment et dans laquelle il découvrait la lumière véritable.
Une nuit de noces sans fin parfois teintée d’érotisme qui transgressait certains tabous sexuels de l’époque.
Cette émotion lyrique est accompagnée de l’opus 9 n°2 des Nocturnes de CHOPIN, musicien romantique par excellence, à qui la venue de la nuit « permettait de faire la synthèse d’un monde sonore peuplé d’ombres et de voix lointaines chantant la mélancolie »
Le récitant Corentin VISSIO a 17 ans, il fait partie de la « Compagnie Jeune Théâtre » des Étincelles Poisy-Annecy.
